West Java — 7.0909° S, 107.6689° E
In Java, the wide plains and paddies crisscross the landscape as a monochrome chessboard. Scattered with lean silhouettes in the fields, they look like constantly moving pieces that lead with a colorful grace to this enchanting backdrop.
Walking in balance on narrow mud dikes, we could with each step, put faces to those that were from afar only small colored dots in the distant landscape.
Women of many ages, charming, wearing simple but colorful clothes. Their heads protected under large knotting scarves or wearing the Islamic veil snugly under their straw hats, they are grouped on a small plot of land, truly at the heart of the rice fields. Seated on the floor, they find themselves gradually overwhelmed by the towering piles of rice bunches made by men.
Scattered around, men are busy harvesting and cutting rice, sickle in hand. Barefoot, pants rolled up under the knee and stained with mud, they perform an endless back-and-forth, with their shoulders loaded with golden tassels either scattered or linked.
The women then are in charge to beat the rice on the ground or on wooden planks to recover the precious grains. After being obtained, they are then collected in large trays and ‘winnowed’. Launched into the air, the wind gradually takes off the light shell. I don’t think I will ever tire of observing their agile and graceful movements that make the rice fly and swirl around.
The atmosphere is cheerful; smiles and laughs are easy. They complimented us on our pale skin color, a so-called criterion of beauty… And yet these women are so beautiful. Their hands constantly flitter, their smiles wide, as their mouths twist as they tell a thousand of stories.
After a few hours, while the sun was at its highest point, we joined this joyful group on their way back, carrying heavy baskets on their heads full of rice that they bring to the neighboring village.
That rice we will often encounter drying in the sun on mats on the floor. Laying in the middle of villages, in front of houses and along the roads, will be regularly raked and returned, continuing to dry for a few days under the hot sun.
As the light continues to gild this plain flooded of life, the beauty of this countryside painting, ordered in flat geometry, gradually succumbed to the sweltering humid heat. Farmers will resume their work to the mildest hours of the day.
Assailed by the various scents of mud, water, straw and smoke, submerged by smiles and those moments of complicity, I finally wonder what I might have missed if it wasn’t for this encounter; the joy of sharing the sincere and generous simplicity of the country life.
*
A Java, les larges plaines et les rizières quadrillent le paysage tel un échiquier monochrome. Parsemées de maigres silhouettes éparpillées dans les champs, elles sont des pions en mouvement perpétuel qui animent d’une grâce souple et colorée cette toile de fond enchanteresse.
A marcher en équilibre sur les étroites digues de boue, nous pouvions à mesure de nos pas, mettre des visages sur celles qui n’étaient de loin, que de petits points de couleurs parmi le paysage.
Des femmes de tout âge, coquettes, qui portent des habits simples mais haut en couleurs. La tête protégée sous de larges foulards noués ou arborant le voile islamique bien ajusté sous leurs chapeaux de paille elles sont regroupées sur une petite parcelle de terre, véritablement en plein cœur des rizières. Assises à même le sol, elles se retrouvent peu à peu submergées par les imposantes piles de bouquets de riz apportés par les hommes.
Dispersés aux alentours, les hommes justement s’activent à la récolte et à la coupe du riz, faucille à la main. Les pieds nus, le pantalon retroussé sous le genou et tâché de boue, ils effectuent un interminable va-et-vient, les épaules chargées des panicules dorées éparses ou liées.
Les femmes se chargent ensuite de battre le riz sur le sol ou sur des planches en bois pour récupérer les précieux grains. Ainsi obtenus, ils sont ensuite récoltés dans de larges plateaux et ‘vannés’. Ainsi lancés en l’air, le vent emporte peu à peu la glume légère. Je crois que je ne me lasserai jamais d’observer leurs mouvements agiles faisant sauter et tournoyer le riz.
L’ambiance est joyeuse, les sourires et les rires faciles. Elles nous complimentent sur notre pâle couleur de peau, un soit disant critère de beauté… Et pourtant qu’elles sont belles ces femmes. Leurs mains ne cessent de voleter, leur sourire de hoqueter, leur bouche de se tordre à force de se raconter mille et une histoires.
Après quelques heures, alors que le soleil est au plus haut, nous quitterons ce joyeux groupe dont le travail se termine, nous prendrons avec elles le chemin du retour, transportant sur leurs têtes de lourds paniers de riz qu’elles amènent au village voisin.
Nous le retrouverons d’ailleurs ce riz, séchant au soleil sur des nattes à même le sol. Deposé au milieu des villages, devant les maisons et le long des routes, il sera régulièrement ratissé et retourné, continuant de sécher quelques jours durant sous un soleil brûlant.
Alors que la lumière ne cesse de dorer cette plaine inondée de vie, la beauté de ce tableau champêtre, ordonné en plate géométrie, succombe peu à peu sous l’étouffante chaleur humide. Les paysans reprendront leur travail aux plus douces heures de la journée.
Envahie par les diverses effluves de boue, d’eau, de paille et de fumée, submergée des sourires et de ces moments de complicité, je me demande finalement ce qui peut manquer au bonheur de partager la simplicité sincère et généreuse de cette vie paysanne.
*
HARVEST SEASON | All year long - with a peak in February
WEAR | Kenzo Amour, Kenzo
READ | Gadis Pantai: La Fille du Rivage, Pramoedya Ananta Toer